Avis d’expert : Anthony Davidson nous livre ses impressions sur la course de SPA-FRANCORCHAMPS.
Les TotalEnergies 6 Heures de Spa-Francorchamps ont été le théâtre de performances inoubliables de la part de plusieurs pilotes dans une épreuve difficile pour les 37 voitures engagées
Nous avons donc demandé à Anthony Davidson, jeune pilote retraité, co-commentateur du FIA WEC et expert en matière d'Endurance, d'éplucher les données pour élire ses "Stars de Spa".
Hypercar - Mike Conway
« J'ai été impressionné par Mike. Il a tenu le rythme de Buemi sur le sec et a gardé son sang-froid dans les conditions changeantes, sans s'énerver alors que les LMP2 étaient un peu plus rapides sur piste mouillée, probablement parce que ces voitures sont plus agiles.
« Le pneu est totalement différent et peut-être que le pneu pluie de Goodyear était un peu plus performant que le Michelin dans la catégorie Hypercar, sous une pluie torrentielle. Peut-être qu'ils ont pu évacuer ce petit surplus d'eau, je ne sais pas, parce que sur le mouillé, Michelin a semblé être de nouveau bon et les Hypercars étaient clairement plus rapides que les LMP2. »
« Donc, Mike n'a pas perdu son sang-froid à ce moment de la course où les LMP2 étaient un peu plus rapides. Il s’est juste concentré pour garder la voiture sur la piste sans prendre de risques inutiles et il a construit une base solide pour la suite. »
« C'est l'un des rares pilotes que je n'ai pas vu commettre d'erreur.
Et j’admire tous ceux qui ont affronté ce moment où il a commencé à pleuvoir parce que c'était incroyablement difficile. »
« (Nicolas) Lapierre a une fois encore été génial, et je pense que Buemi était fort aussi, mais malheureusement il n'a pas beaucoup roulé après le problème intervenu sur la n°8, donc Conway reste définitivement mon premier choix pour la catégorie à Spa. »
LMGTE Pro – James Calado
« Bizarrement, cette course LMGTE Pro a été probablement la seule vraiment influencée par les drapeaux rouges, car ils n’ont cessé de regrouper les voitures. »
"À un instant donné, nous avions la Ferrari AF Corse n°52 un tour devant, puis tout le monde s'est retrouvé dans la mêlée. Ce n'est vraiment qu'à la fin du dernier drapeau rouge que la victoire, dans cette catégorie LMGTE Pro, s’est jouée dans un mouchoir de poche.
« Ce fut le spectacle le plus passionnant de la course. Il est clair que, depuis Bahreïn l’année passée, ce n’est pas l’amour fou entre la n°51 et la n°92. C'était vraiment génial de voir une lutte aussi intense mais néanmoins très professionnelle.
« Je trouve qu'il est vraiment difficile de choisir un pilote. Parce qu'il y avait tellement de performances remarquables. »
« Kevin Estre a entaché sa réputation avec cette erreur commise au premier virage. C'est vite arrivé mais quand même, on ne s'attend pas à ça de quelqu'un comme lui. C'est une erreur peu fréquente et soulignons qu’il s'est excusé après coup. »
« Cette agressivité mal placée a coûté cher à l'équipe Porsche, et c'est fort dommage que la voiture n°91 n'ait pas pu vraiment participer à la course, car je pense que Bruni avait clairement la vitesse et qu’il aurait été dans le coup pour la victoire. »
« C'est vraiment dommage et nous avons quand même assisté à une belle course. Je dois dire que James Calado a probablement été le pilote de la course pour moi,
me basant uniquement sur la pression intense exercée par Michael Christensen qui a vraiment tout tenté dans les derniers tours, jusqu'au dernier passage à la chicane du Bus Stop. »
« C'était judicieux d’opter pour un pilotage défensif de la part de James avec une voiture qui n'avait clairement pas la vitesse de la Porsche sur piste sèche et il a fait le meilleur usage de sa voiture sur piste mouillée et humide. »
« Christensen avait déjà réussi à passer Antonio Fuoco, un pilote redoutable au volant de la Ferrari n°52, et il a bien piloté. Le Danois a prouvé qu'il était possible de doubler un pilote Ferrari, avec la même vitesse que Calado. »
« James a parfaitement appréhendé le trafic et réussi à placer la voiture là où il le fallait, pour absorber toute cette pression et garder son sang-froid pour décrocher une victoire mémorable. »
« Je pense que c'était l'un de ses meilleurs tours que je l’ai vu faire au volant de cette voiture et dans cette catégorie. Bravo ! »
LMP2 – Robin Frijn
« Pour moi, Robin Frijns a été le pilote le plus remarquable de cette catégorie à Spa. Dans ces conditions particulières et avec un essuie-glace défectueux, il a été exceptionnel. Je ne peux pas imaginer à quel point la visibilité était réduite. Heureusement qu'il était devant, mais quand même, rattraper des voitures dans ce ‘spray’ a dû provoquer quelques frayeurs, c’est certain. »
« Il était incroyablement rapide, prenant clairement beaucoup de risques et il s'en sortait, réussissant à surpasser toutes les Hypercars dans ces conditions difficiles. »
« Il a mené la course sans partage pendant de nombreux tours et un seul autre pilote dans ces conditions s'est rapproché de lui. C'était Alex Lynn de United Autosports USA. Je dois dire qu'il a également fait un excellent travail dans ces conditions de pluie. »
« Mais pour moi, c'est la combinaison de Frijns sur le sec et sur le mouillé qui a fait la différence. Personne n'aurait pu faire mieux que lui le week-end dernier et il a été le meilleur pilote de cette course. »
« Il aurait été vraiment intéressant de voir cette course sur piste sèche d’un bout à l’autre. J'ai l'impression que la course LMP2 a été la seule catégorie faussée par tous les drapeaux rouges. Parce que je pense que, sans interruption, nous aurions vraiment assisté à une course spectaculaire. »
LMGTE Am – Sebastien Priaulx
« En LMGTE Am, Seb Priaulx s'est vraiment démarqué. Je l’ai trouvé très impressionnant. Ses efforts combiné à ceux de Harry Tincknell à la fin, je pense que Seb a montré un pilotage très fort. »
« Il a commis très peu d'erreurs et c'est ce qui a aidé à propulser la Porsche Dempsey Proton n°77 sur le devant de la scène, pour permettre à Harry de finir en beauté. C'est toujours une combinaison de tous les pilotes, de leur expérience et de leur classement en Am qui fait la différence. A Spa, le jeune Priaulx était vraiment solide, et il a clairement une formidable carrière devant lui à ce niveau. »
