Cinq champions belges en Endurance;

Le sport automobile a vu quelques pilotes et personnalités exceptionnelles naître dans ce plat pays cher à Jacques Brel, et notamment en endurance.

Pour un petit pays, la Belgique se défend pas mal au niveau du sport en général. Des personnalités comme Eddy Merckx, Justin Henin, Kim Clijsters, Eden Hazard et Kevin de Bruyne se sont hissés sur la scène mondiale et ont excellé dans leurs domaines respectifs, le cyclisme, le tennis et le football.

Le sport automobile a également vu quelques pilotes et personnalités exceptionnelles naître dans ce plat pays cher à Jacques Brel, et notamment en endurance.

Nous nous arrêtons ici sur cinq des pilotes belges les plus titrés en Endurance, sélectionnant quelques souvenirs de leurs plus grands exploits sur les scènes européennes et mondiales.

Jacky Ickx, 1945-

L'incontestable légende belge de la compétition automobile reste toujours un visage familier dans le monde du sport automobile. De nouveau en visite lors de la première manche du FIA WEC à Sebring, il n’est vraiment pas passé inaperçu partout où il se rendait, tant l’admiration pour l’ancien pilote bruxellois est toujours bien présente.

Jacques Bertrand Ickx est l'un des pilotes en endurance des plus titrés de l’histoire et ses six victoires au Mans ne forment que la partie émergée de son remarquable palmarès, comptant plus de 200 victoires en sport automobile.

Il a remporté le double tour d’horloge sarthois pour Porsche à quatre reprises, en 1969 de manière mémorable et épique pour Ford et puis en 1975, il s’est imposé sur une Mirage Gulf avec son habituel partenaire en endurance, le Britannique Derek Bell.

C’est aux 24 Heures du Mans 1977 que Jacky Ickx a connu son heure de gloire, lorsqu'il s'est frayé un chemin depuis la queue du peloton après que sa propre voiture, la n°3, qu’il partageait avec Pescarolo ait été contrainte à l’abandon. Reparti sur la Porsche 936 n°4 de Jurgen Barth et Hurley Haywood, il enchaîna les relais quasiment en état de transe. Le pilote belge livra une démonstration hypnotique et impressionna les spectateurs et les médias tout au long de cette fameuse édition des 24 Heures.

Avec huit tours de retard, Ickx effectua un premier relais incroyable de trois heures, battant le record au tour à 3 reprises et ce durant trois tours consécutifs et amena la voiture de la 42e à la 6e position après six heures de course !  La clé d’un succès historique ponctué par Barth, au ralenti, avec un moteur défectueux après un long arrêt au stand.

Comme si cela ne suffisait pas, Ickx a également remporté huit Grands Prix au cours d'une carrière en F1 qui s'est étendue de 1966 à 1979 et lui a valu deux titres de Vice-champion du Monde. Son palmarès en Endurance demeure incroyable, de part et d’autre de l’Atlantique et, notamment sur les 1000 kms de Spa, devenus depuis les TotalEnergies 6 Heures de Spa-Francorchamps. Jacky Ickx compte également une victoire sur le Paris-Dakar (1983).

Tout au long de sa carrière, son talent a reposé sur une vitesse naturelle phénoménale alliée à une intelligence de course exceptionnelle et à son désir irrépressible de gagner.

Ickx avait une habileté sublime sur piste mouillée et dans des conditions changeantes ce qui fit de lui l'un des pilotes les plus doués de l’histoire du sport automobile.

Thierry Boutsen, 1957-

La nature calme et studieuse de Thierry Boutsen en dehors du cockpit contrastait avec le brio dont il faisait preuve une fois au volant, se forgeant une carrière impressionnante en voitures de sport et en F1 dans les années 1980 et 1990.

Son histoire en Endurance débuta en 1981 de manière fracassante. Victime d’un gros accident dans la ligne droite de Mulsanne au volant de sa WM-Peugeot P81, le pilote belge eut la chance de ne pas être gravement blessé.

Deux ans plus tard, il était de retour dans la Sarthe au volant d’une Rondeau avec Henri Pescarolo mais, une fois encore, il ne termine pas la course.

Malgré plusieurs résultats de premier ordre à l'époque du Groupe C, ce n'est qu’en 1993, à l'issue de sa carrière en F1 qu'il connut un véritable succès au Mans.

Il termina trois fois deuxième entre 1993 et 1995 avec Peugeot, Dauer-Porsche et Joest-Porsche, avant de remporter la catégorie GT1 en 1996 avec la très controversée Porsche 911 GT1 d'usine.

Malheureusement, son histoire au Mans s'est terminée comme elle avait commencé, avec un autre spectaculaire accident en 1999, lorsqu’il perdit le contrôle de sa Toyota juste avant la première chicane. Les blessures au dos subies mirent fin à sa carrière professionnelle, mais l'ont aidé à démarrer une deuxième carrière dans le domaine de l'aviation privée.
 

Olivier Gendebien 1924-1998

Olivier Gendebien était un pilote de rallye reconnu avant de se lancer sur les circuit au début des années 1950, où il s'est rapidement forgé une réputation de pilote rapide et fiable.

En 1956, il signa son premier contrat d'usine avec Enzo Ferrari et ne tarda pas à connaître le succès, notamment grâce à une belle course, avec son équipier Maurice Trintignant, terminant troisième lors de sa deuxième participation au Mans.

La confiance de Ferrari dans les capacités de Gendebien s'est avérée payante entre 1958 et 1961, lorsqu'il remporta une série exceptionnelle de quatre victoires au Mans. Trois de ces victoires ont été remportées en compagnie de Phil Hill (1958, 1961 et 1962).

En 1960, il remporta une victoire entièrement belge avec son compatriote Paul Frère, lors de ce qui fut sans doute l'un des plus grands jours du sport automobile belge avec l'élégante Ferrari 250.

Gendebien a également remporté trois victoires au classement général de Sebring et compta pas moins de trois succès dans l'une des compétitions les plus difficiles en endurance, la Targa Florio. 

Juste avant son décès en 1998, Gendebien s’est vu décerner l'Ordre de la Couronne des mains du roi Albert II.

Paul Frere 1917-2008

Paul Frère a été un pilote et un journaliste sportif très apprécié durant les six décennies d’une carrière fascinante qui le vu devenir l'un des cinq Belges à s’imposer au Mans (avec Ickx, Gendebien, Bianchi et Gachot).

Sportif accompli, il décrocha un titre national en aviron avant de se lancer dans la course automobile.

C'est en voiture de sport que Paul Frère a connu succès les plus retentissants dans les années 1950, où il a remporté Le Mans avec Gendebien (1960). Cependant, avant cela, il avait déjà remporté sa catégorie à trois reprises en 1953, 1955 et 1958 avec Porsche et Aston Martin.

Au terme de sa carrière de pilote, il est devenu un journaliste respecté et le rédacteur européen du magazine Road and Track pendant de nombreuses années.

Paul Frère reste le pilote le plus âgé à avoir conduit une voiture de sport contemporaine. Il a testé une Audi R8 pendant la pause de la journée d'essai officielle au Mans en 2003, à l'âge de 86 ans.

Eric Van de Poele

Né à Verviers, à quelques encablures du circuit de Spa-Francorchamps, Eric van de Poele était destiné à devenir un pilote de course.

Une carrière réussie en monoplace junior lui a permis de décrocher une place en Formule 1 en 1991 où il a piloté à la fois comme pilote et comme pilote d’essais jusqu'à la fin de la saison 1993.

Etabli à Phoenix (Arizona) au terme de sa période F1 il bâtit une belle carrière en Endurance et en voitures de tourisme.

Ses exploits ont été significatifs, notamment trois victoires de catégorie au Mans avec Doyle-Risi et Bentley de 1998 à 2002.

Mais ses plus grands succès ont lieu sur son circuit natal à Spa-Francorchamps où il a remporté pas moins de quatre victoires aux 24 Heures de Spa, la première en 1987 avec une BMW M3 et la dernière en 2008 avec une Maserati MC12.

Van de Poele a également remporté deux fois les 12 Heures de Sebring et le Petit Le Mans à Road Atlanta.