Bahreïn : Tommy Milner, grands moments et déconvenues 2022

En attendant le rendez-vous de Sakhir, le pilote de la Corvette n°64 se penche sur ses aléas en piste en 2022.

Au volant de la C8.R n°64 de Corvette Racing, ce fut pour Tommy Milner une intéressante première saison complète en Championnat du Monde d’Endurance FIA, qui n’a pas manqué de rebondissements à chaque virage.

Nous sommes allés à la rencontre de Tommy avant les Bapco 8 Heures de Bahreïn, la toute dernière course de la catégorie LMGTE Pro en Championnat du Monde d’Endurance FIA.

Quel bilan faites-vous sur votre saison jusqu’à maintenant ?« Nous avons effectivement connu des hauts et des bas. Ce que j’en retire surtout, c’est à quel point je suis fier du travail de toute l’équipe pour réaliser quelque chose d’assez différent de tout ce que nous avions fait auparavant. Le but était de diviser nos forces et de gagner dans deux championnats. Même si nous n’avons pas tout à fait gagné, je reste fier des efforts de toute notre équipe pour faire ce que nous faisons depuis des années aux Etats-Unis, et « d’exporter » tout cela dans le monde entier, tout en conservant un haut niveau de compétitivité dans des circonstances et des situations nouvelles. »

Quels ont été les temps forts ?

« Pour ma part, je suis enthousiaste à l’idée du défi de courir dans le monde entier et sur de nouveaux circuits afin de me remettre en question, et j’ai l’impression d’y être parvenu avec un certain succès. Il nous reste encore une course, mais je crois que nous pouvons être fiers de ce que nous avons accompli cette année. Bien sûr, le meilleur moment, c’était la victoire à Monza, et nous avons encore une occasion de vivre un autre grand moment de ce genre cette année. »
 

Qu’est-ce qui a été plus difficile ? 

« Le Mans, bien sûr. C’est ce qui vient tout de suite à l’esprit, mais ce sont des choses qui arrivent. C’est la course. Il y a beaucoup de courses où on n’a peut-être pas la voiture la plus rapide, mais où on réussit quand même à être en pointe et à gagner. Et à l’inverse, il y a des courses où on a le sentiment que tout est joué et elle vous échappe. En tant qu’équipe et en tant que pilote, on se concentre à être aussi parfait que possible. Comme disait Doug Fehan (ancien patron de Corvette Racing, ndlr) : 25 % pour une bonne voiture, 25 % pour une bonne équipe et 50 % pour la chance. Nous avions les premiers 50 % mais pas les 50 restants. C’est comme ça, c’est la course. Finalement, ce qui fait vraiment mal, c’est que nous faisions une très belle course et la voir nous échapper comme cela, c’est dur à avaler. Mais ce sont ces moments difficiles de la saison et d’une carrière qui rendent les bons encore meilleurs.

« Finalement, je ne pense pas que le circuit change quoi que ce soit à la déception. Le sentiment est le même si on est sur un circuit local ou dans une course de club locale. J’aurais été tout aussi déçu si c’était arrivé à Lime Rock, Monza ou Daytona… La déception est toujours là. Mais elle est exacerbée au Mans, quand on encaisse le contrecoup de ne pas marquer les points qui auraient pu être les nôtres sur cette course. Et ça vous poursuit toute l’année. Il faut avoir une année réussie dans la durée pour remporter un championnat du monde. Cela aurait été formidable de nous battre pour cela cette année et je pense que nous avions la performance pour y prétendre en LMGTE Pro. Mais avec un calendrier aussi court et la double attribution de points au Mans, tout cela constitue une très importante part du championnat. Si ça ne va pas dans votre sens, c’est difficile de s’en sortir. »

Quel est l’objectif pour Bahreïn ?

« Le revêtement du circuit est assez unique d’une manière générale. Pour simplifier, il y a des grosses et des petites pierres, polies ou brutes. C’est complètement différent des autres endroits où nous allons. Vu du travail que j’ai fait sur simulateur, on a l’impression d’une très forte adhérence et d’après ce qu’en disent les autres pilotes et équipes, c’est une piste très abrasive pour les pneus. Le sable sur la piste compte aussi pour une grande part dans le pilotage là-bas. J’imagine que la première séance d’essais libres sera difficile car nous allons un peu dépoussiérer la piste. C’est un circuit qui est un peu comme Fuji, avec de longs virages et des parties à haute ou moyenne vitesses. Il y a des enseignements ramenés du Japon qu’on peut appliquer à Bahreïn. Le revêtement de la piste étant spécifique, ses caractéristiques joueront un grand rôle dans la stratégie de course.« 

J’ai couru une fois au Moyen-Orient auparavant, à Dubai, alors j’ai une petite compréhension de la culture. On a l’impression que Dubai et Bahreïn se ressemblent par certains côtés. Les fans étaient fantastiques quand je suis allé là-bas et c’était un bel endroit à voir. Je suis sûr que Bahreïn sera identique sous bien des aspects et j’ai hâte d’y être. »

Quelle a été votre course la plus gratifiante ?

« Monza était fantastique du début à la fin. Pour ce qui me concerne, je crois que c’est ma meilleure course de l’année. J’ai l’impression que Le Mans était très bien aussi, sans aucune erreur. Chaque épreuve a généré ses propres défis. A Sebring, c’était notre première course et le défi consistait à travailler dans un championnat et un environnement assez différents. C’était notre première expérience avec les pneus et il a fallu gérer cela avec les conditions assez difficiles de chaleur et de pluie. Il y a du positif à tirer de chaque course, et aussi des domaines où je peux progresser. Si cette année a été assez différente pour moi, mon approche des week-ends de course est celle que j’ai toujours eue. C’est un peu différent d’assimiler un circuit tout en contribuant au développement de la voiture. Aujourd’hui, avec les simulateurs et ce genre de chose, la phase d’apprentissage est infiniment plus courte. J’ai la sensation d’être allé sur chaque course avec un niveau qui n’était peut-être pas aussi bon qu’il aurait pu être, mais suffisant si on considère la concurrence et le défi de la course. »

Comment travaillez-vous avec l’équipe et vos coéquipiers ?

« Le succès en piste, c’est le catalyseur de notre plaisir. Nous sommes tous là pour les mêmes raisons – gagner des courses et être compétitifs. Et faire tout cela avec ce groupe est très agréable. L’ambiance dans cette équipe est vraiment bonne. C’est une sorte de nouvelle équipe avec trois personnes de l’année dernière et quatre personnes de l’année dernière pour la voiture. De manière réaliste, c’est une seule et même équipe, mais d’une certaine façon, on est prêt chaque année avec la voiture. C’est un grand plaisir de vivre ce défi avec ces gars-là. Si on regarde les vidéos en coulisses, ils aiment bien s’amuser mais en le faisant au bon moment. Ils s’assurent que le travail est fait et bien fait avant de s’amuser. C’était super. Je crois que c’est un des meilleurs aspects du sport automobile et de la course en général. Corvette Racing occupe une telle place dans ma carrière, et son ambiance bâtit cette expérience. Je n’ai pas leurs longues nuits et leurs réveils aux aurores, mais courir avec ces gars rend l’expérience encore meilleure. Quelque soit le défi, il sera bien relevé et ce sera top. »