La chasse - Par Tom Blomqvist
Photo: WEC
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La chasse - Par Tom Blomqvist

Tom Blomqvist est à Bahreïn pour la première fois de sa carrière pour le double rendez-vous du FIA WEC. L’occasion rêvée pour FIAWEC.com de s’entretenir avec le pilote JOTA et revenir sur sa bataille épique dans le final des 24 Heures du Mans.

Le temps a guéri Tom Blomqvist après le sprint final pour la gloire absolue en LMP2 s’achevant à 0.727s d’une victoire lors des 24 Heures du Mans en août.

La frustration et la douleur initiales se sont transformées en fierté une fois l'adrénaline retombée. Aujourd'hui, pour la première fois, il nous donne une vue d'ensemble sur l’un des finals les plus palpitants et les plus étriqués en 97 ans d'histoire au Mans.

Les efforts du pilote du JOTA dans son dernier relais lui ont permis, ainsi qu'à Sean Gelael et Stoffel Vandoorne, de prendre un maigre point d'avance en LMP2 dans ce qui s'annonce comme une fin de saison encore particulièrement disputée pour la catégorie.

Avec environ 1h55 de course restante, la JOTA ORECA-Gibson n°38 alors 3e au classement rentre au stand avec Stoffel Vandoorne au volant. Blomqvist entre dans le cockpit en sachant qu'il conduira la voiture jusqu'au drapeau à damier. 

C'est l'histoire de la lutte d'un homme pour poursuivre ce qu'il pensait être une chance de deuxième place, mais qui est en fait devenu l’une des luttes finales les plus impressionnantes et les plus serrées de tous les temps au Mans.

L'histoire de Tom....

« Je ne me souviens pas de l'écart qui existait quand je suis monté dans la voiture. Mais je me souviens avoir été très, très concentré pour chasser la deuxième place. »

« On avait un bon rythme et je réduisais l'écart dans l'avant-dernier relais. »

« Ensuite, ce que personne n'a vraiment vu, c'est que lors de notre dernier arrêt au stand, nous avons dû effectuer une marche arrière en raison de la 'congestion' avec le stand suivant. Nous y avons perdu environ 13 secondes ! »

« Cela signifie que le dur travail que nous avions fait a disparu, donc c'était vraiment frustrant de ce point de vue. Mais j'ai continué. Vous n'abandonnez jamais quand vous sentez l'odeur de la victoire et que vous savez qu'une place sur le podium est en jeu, surtout après une journée entière de course. »

« Ce dernier relais, nous sommes partis 28 secondes derrière Robin (Frijns). L'écart a ensuite diminué, diminué et diminué parce qu'à notre insu, ils ont eu quelques problèmes dans la dernière heure, en particulier avec leurs pneus suite à d'autres problèmes. »

« Tout est devenu beaucoup plus sérieux dans le dernier tour. C'est à ce moment-là que mon ingénieur, Thomas Lassus, m’a annoncé à la radio: « Le leader est tombé en panne, on se bat maintenant pour la victoire. »

« Je n'oublierai jamais ce message. »

« Au dernier tour, je suis parti environ quatre secondes derrière Robin, mais je savais que je le rattrapais à environ 3,5/4 secondes par tour. Pas besoin d'être professeur de maths pour comprendre que ça allait être très serré. »

« Je me souviens juste l'avoir vu au loin à partir des Esses. Je pouvais le voir. J'y arrivais. »

« J'ai rattrapé une GT littéralement au milieu des virages de Porsche à un endroit vraiment gênant, ce qui m'a fait perdre une seconde ou quelque chose comme ça, et puis nous sommes entrés dans les derniers virages, et c'était tellement proche. »

« J'ai tout essayé dans la dernière chicane et je pouvais voir beaucoup de voitures devant moi, mais je ne savais pas que c'était les Toyota qui faisaient une arrivée en formation. »

« Ça aurait été bien s'ils avaient ralenti un peu plus parce qu'alors Robin aurait dû faire d'autres tours et nous les aurions eus. Sans aucun doute, nous aurions gagné. »

« Pour être honnête, j'étais assez en colère quand j'ai franchi la ligne parce que c'était tellement, tellement proche. C'était un peu cruel. La grande ironie, c'est que si nous avions terminé troisième et manqué de peu la deuxième place, nous aurions été heureux après avoir perdu tant de temps au début. »

« Mais quand vous perdez la victoire pour 0,7s après 24 heures, c'est vraiment dur à avaler. Ça fait mal. »

« Après, j'ai parlé à Robin et d'une manière très Robin, il m'a dit : « Mec, j'ai eu de la chance ouais ! » C'était assez drôle. »

« Malgré cette douleur initiale, il y a aussi beaucoup de fierté. Je suis fier de ma performance, de Sean (Gelael) parce qu'il a fait un excellent travail, et bien sûr de toute l'équipe. »

« Aujourd’hui après quelques semaines, je peux y repenser avec un peu moins de frustration. »

« Ce sera toujours difficile à aborder, mais en fait je pense qu'il n'y aura probablement plus jamais de course aussi serrée au Mans, ou certainement pas avant de nombreuses années. »
 

Tom Blomqvist s’est confié à Sam Smith.